tu as surement besoin de repos [pv Elena]

" - Non, vaut mieux que j’évite d’avoir un chien, ces poils, c’est à cause de mon pouvoir "


Elena acquiesça vaguement, elle imaginait qu'il était une sorte de loup garou gentil à poils blancs, ou alors qu'il avait des irruptions de poils parfois. Elle ne se posait pas beaucoup de questions, ça ne l'intéressait pas vraiment, son esprit s'était rendormi dans sa longue léthargie.


" - Ce n'est pas un problème [...] depuis l'incendie. "


C'était bien malheureux de se priver d'un lit douillet à cause d'un événement pareil. Heureusement que 'Lena n'en était pas à ce point là, elle l'aimait toujours son lit et elle passait toutes les nuits dedans, même si elle ne fermait pas l'oeil. Lorsqu'elle posa sa question, Andrew parut un instant interdit. Elle avait dû toucher un point sensible, et sa curiosité fut immédiatement réveillée, et bien qu'elle restait absente, elle écoutait attentivement. Elle apprécia moyennement la comparaison avec la meute, non pas que c'était déshonorant d'être traité de loup mais quand même. Elle fut aussi légèrement irritée par le "laisse tomber", quand on commence une explication on la finit, c'est la moindre des choses ! Cela dit elle ne réagit pas, et voyant qu'elle n'aurait pas la réponse à sa question, son regard se remit à vagabonder dans tous les sens, sans but, désespéré. En temps normal, elle n'aurait pas du tout apprécié le personnage. Tout d'abord elle détestait qu'on l'empêche de faire ce qu'elle veut, elle n'aurait pas aimé qu'un inconnu se permette de la porter même si elle était bourrée, elle n'aurait pas accepté les leçons de morale et encore moins le coup du "tu te confies à moi mais j'te dis rien". C'était clair et net, en temps normal elle ne serait pas entrée en conflit avec le jeune homme car ce n'était pas dans sa personnalité, mais il n'aurait jamais fait partie de ses amis. Il était très différent de son frère, qui au moins se confiait réellement et faisait en sorte qu'on le comprenne, parce-que lui-même comprenait les autres. Alors qu'Andrew... il restait enfermé dans ses principes et ses instincts de chien, et ne cherchait même pas à comprendre ceux qui étaient différents de lui. Oups pardon, de loup. C'est plus noble quand même. Pourtant en l'occurrence, toutes ces pensées n'effleurèrent même pas l'esprit de la jeune fille. Elle n'avait aucune pensée en cet instant, elle aimait bien cette sensation, ne plus rien penser ni ressentir, quitter le monde petit à petit pour se détacher de la douleur d'être sur terre. Elle flottait à dix mille lieue au-dessus du monde, elle ne vit pas le sourire d'Andrew et entendit à peine ce qu'il disait. En revanche, elle comprit la dernière phrase du barman et eut un rire jaune et amer, presque mauvais. Il n'allait pas lui apprendre à se sortir d'une cuite aussi ! Elle le soupçonnait d'avoir peur qu'elle lui salisse son canapé. Remarquez si c'est ça elle le comprenait, mais autant le dire alors. Elle doutait de plus en plus des bonnes intentions du jeune homme, trop de bonnes intentions tuent les bonnes intentions. Il lui aurait dit pourquoi il se comportait ainsi, elle n'aurait pas douté. Du coup, la brume qui dansait dans sa tête se fit un peu moins opaque et pendant quelques instants, elle se demanda franchement ce qu'elle faisait là.


" - Je te remercie, mais je vais rentrer chez moi, ma mère dormira maintenant, elle ne me verra pas arriver. "


Et demain elle la verrait toute fraîche et ne se douterait de rien. Elle se leva du canapé et un marteau piqueur énorme se mit à fonctionner brutalement dans sa tête. Elle se tint quelques instants à l'accoudoir du canapé, ses pensées revenaient, douloureuses comme si on l'avait poignardée. Andrew commençait à la dégoûter, elle ne le comprenait pas, voulait-il profiter du malheur des autres pour pouvoir s'en occuper ? "Ressentir le besoin" de s'occuper des autres ce n'est jamais bon. C'était souvent pour compenser un manque ou un problème, et Lena ne voulait pas servir à ça. Les bonnes causes, c'était pas pour elle. Et puis, il s'était confié aussi c'est vrai, avec Galabriel, mais ça n'aidait pas la jeune fille à le comprendre. Elle voulait partir, non pas qu'elle se sentait en danger ici, mais elle n'avait rien à y faire. Elle esquissa quelques pas vacillants vers la porte.